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Gabon : La grève de la faim de Sylvia et Noureddin Bongo, un cri contre une justice instrumentalisée ?
Alors que le Gabon s’efforce de redorer son image institutionnelle après le coup d’État du 30 août 2023, la situation de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Valentin Bongo refait surface avec gravité. En grève de la faim depuis deux jours, selon leur avocate Me Gisèle Eyue-Bekale, l’ancienne première dame et son fils dénoncent par ce geste fort un statu quo judiciaire qui, de plus en plus, interroge sur l’impartialité de la justice dans leur affaire.
Depuis plus de 20 mois de détention provisoire pour Noureddin et plus de six mois pour Sylvia Bongo, aucun procès n’a été ouvert, aucun élément nouveau n’a été révélé à l’opinion. Pire, le renouvellement du mandat de dépôt de Sylvia Bongo est officiellement arrivé à expiration depuis le 12 avril 2024, sans qu’aucune régularisation n’ait été opérée. « Nous sommes donc en présence d’une privation de liberté injustifiée », dénonçait Me Eyue-Bekale, dans une déclaration publique datant du 30 mars dernier.
Cette inaction judiciaire, couplée à des restrictions de visite jugées abusives — y compris pour leurs avocats et leurs proches — alimente un malaise grandissant. Car si les faits reprochés à Sylvia Bongo (faux et usage de faux, blanchiment de capitaux et recel) et à son fils sont graves, la manière dont le dossier est traité l’est tout autant.
Une justice sélective ?
Le silence prolongé de la justice donne du crédit à l’idée d’un traitement politique de l’affaire. En l’absence de transparence sur l’évolution du dossier, et face au non-respect manifeste des délais légaux de détention, l’argument d’une justice à deux vitesses ou manipulée n’est plus à exclure. Ce silence pourrait même être perçu comme une manière détournée de punir symboliquement l’ancienne famille présidentielle, en dehors de tout cadre légal.
Une société civile silencieuse, entre justice et ressentiment
Fait notable : la société civile, habituellement prompte à dénoncer les abus de pouvoir et les violations des droits humains, garde ici un silence pesant. Pas de communiqué, pas de déclaration, pas de mobilisation. Pourquoi ce silence ? Parce qu’à l’instar d’une partie significative de la population, les acteurs de la société civile semblent estimer que Sylvia et Noureddin Bongo méritent leur sort.
Pour beaucoup de Gabonais, ils symbolisent les dérives de l’ancien régime, les détournements de fonds, la captation des richesses nationales par un clan restreint. Cette perception populaire rend difficile toute prise de position publique en faveur de leur droit à une justice équitable, pourtant fondamental dans un État de droit.
Mais refuser de s’indigner face à une détention arbitraire, même pour des figures contestées, c’est admettre que la justice puisse fonctionner selon la tête de l’accusé. Et c’est là que le danger guette : aujourd’hui Sylvia et Noureddin, demain n’importe quel citoyen.
Une démocratie qui se cherche encore
Alors que les autorités de transition promettent un renouveau institutionnel et une moralisation de la vie publique, le cas Bongo devient un test grandeur nature. Peut-on vraiment parler de justice républicaine lorsqu’un dossier aussi sensible est gelé sans explication ? Peut-on évoquer l’indépendance des magistrats lorsque la procédure piétine des délais légaux ?
La grève de la faim de Sylvia et Noureddin Bongo, qu’on les considère coupables ou non, pose donc une question centrale : le Gabon post-Bongo est-il prêt à appliquer une justice juste, même à l’égard de ceux que le peuple a peut-être déjà condamnés ?
La rédaction/Pongui

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Transport, bois, pétrole : et si le Gabon retrouvait sa dignité par la nationalisation de ses secteurs clés ?

La saisie, ces derniers jours, de 150 véhicules à usage de taxis venus du Cameroun, a suscité de vives réactions. Si les faits doivent encore être précisés dans leur intégralité, cette opération illustre une volonté claire des autorités gabonaises de reprendre en main un secteur longtemps laissé à l’abandon : le transport urbain. Au-delà de l’événement, c’est un véritable débat sur la souveraineté économique du Gabon qui est relancé.
Derrière ces véhicules saisis, se cache une guerre d’influence sur fond de réformes structurelles. Le gouvernement, sous l’impulsion du président Brice-Clotaire Oligui Nguema, a lancé le projet Taxi Gab, une initiative ambitieuse visant à régulariser, moderniser et surtout nationaliser les services de taxis. Ce programme offre non seulement une meilleure organisation du transport urbain, mais surtout, il place le citoyen gabonais au cœur d’un secteur stratégique générateur d’emplois.
« Trop longtemps, nos jeunes ont été marginalisés dans leur propre pays », confie un leader syndical. Pour beaucoup, Taxi Gab représente plus qu’une réforme : c’est un acte politique fort, un symbole de reprise en main. Et les populations adhèrent. Loin de voir dans la saisie de ces véhicules une mesure arbitraire, elles y lisent plutôt une affirmation de la souveraineté nationale, un refus d’être spectateurs de leur propre économie.
Mais pourquoi s’arrêter au transport ? Cette affaire met en lumière une réalité que peu osaient formuler : de nombreux secteurs clés de l’économie gabonaise – le bois, le pétrole, le petit commerce – sont largement contrôlés par des intérêts étrangers. Or, ces secteurs représentent des viviers d’emplois et des ressources économiques majeures pour le pays.
À l’heure où le Gabon cherche à redéfinir son avenir, sous la direction de Brice-Clotaire Oligui Nguema, récemment élu Président de la République après une période de transition de 19 mois, la question de la nationalisation de ces secteurs devient centrale. Pas dans une logique de fermeture, mais dans une volonté de rééquilibrer les choses, de redonner aux Gabonais la place qui leur revient.
« Le projet Taxi Gab est une mesure souveraine », affirme une source au ministère des Transports. Elle pourrait bien être le prélude à une nouvelle doctrine économique : celle de la dignité retrouvée. Une dignité qui ne peut se construire sans justice sociale, sans accès équitable aux opportunités économiques, et sans une réelle volonté politique de remettre le Gabonais au centre du jeu.
Le chef de l’État, s’il poursuit dans cette voie, pourrait très bientôt être salué par l’ensemble du peuple gabonais comme celui qui a osé rendre leur pays à ses fils et filles.
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Prime post-électorale : Bung Pinz sous pression, Rentch Onanga exige une réponse présidentielle

Dans un précédent article, nous parlions du clash opposant Rentch Onanga à Bung Pinz. Quelques heures après, Rentch Onanga a appuyé sa sortie par un texte qui fait le tour des forums depuis ce jour, mercredi 23 avril 2025. Cette sortie est l’objet de notre rédaction, qui revient ici sur les faits, les témoignages recueillis, et les enjeux d’une polémique qui dépasse le simple cadre personnel pour révéler un malaise plus profond : la gestion opaque des primes post-électorales, le sentiment d’injustice partagé par de nombreux artistes, et l’appel direct lancé au Chef de l’État pour rétablir l’équité et la transparence.
Une réception présidentielle aux contours flous
Le mardi 15 avril, aux alentours de 14h30, l’artiste Nicole Amogho reçoit un appel lui annonçant une réception imminente à la Présidence de la République, destinée à remercier les artistes ayant soutenu le candidat Oligui Nguema. L’information, transmise par l’artiste Amandine, semble imprécise, voire confidentielle. Rentch Onanga, son époux mais aussi producteur, tente alors de vérifier l’information auprès de journalistes et du Secrétaire général du ministère de la Culture – en vain. Ce n’est que plus tard que la confirmation tombera : une rencontre a bien eu lieu avec les artistes ayant « fait la tournée ».
Or, Nicole Amogho, bien que n’ayant pas pris part aux déplacements du candidat, avait produit trois titres en soutien à sa candidature. Elle ne se sent donc pas concernée, à ce stade, par cette réception.
Une affaire d’enveloppes et d’indignation
C’est cinq jours plus tard, le dimanche, qu’une autre artiste l’informe que des enveloppes auraient été distribuées – même aux absents. La somme évoquée pour Nicole : 500.000 francs CFA, qualifiée par Bung Pinz « d’argent de taxi ». Une déclaration transmise au manager de Nicole Amogho, Mlle Laure GNEGNI, et enregistrée. Le ton employé par Bung Pinz choque : lassitude, agacement, et un refus implicite de reconnaître l’engagement artistique fourni.
Cette révélation met le feu aux poudres. Rentch Onanga s’insurge publiquement. Il dénonce un manque de respect manifeste, surtout quand d’autres artistes absents ont reçu 1 million de francs CFA, parfois par Airtel Money, tandis que ceux présents à la réception auraient touché jusqu’à 3,5 millions.
Un appel à l’unité et à la justice
Face à ce qu’il considère comme une injustice systémique, Rentch Onanga ne se contente pas d’une sortie médiatique : il lance un appel aux autres artistes lésés. Rapidement, il affirme avoir déjà réuni 52 artistes, avec preuves à l’appui (liens YouTube, vidéos de prestations, visuels de campagne, etc.).
Plus qu’un simple règlement de comptes, sa démarche se veut collective et constructive : il appelle à être reçu par le Chef de l’État pour faire entendre la voix d’un secteur souvent instrumentalisé, rarement valorisé à sa juste mesure.
Bung Pinz au cœur de la tourmente
Si Rentch Onanga décide de ne plus parler directement de Bung Pinz, son rôle dans la gestion des fonds est désormais au cœur des discussions dans les milieux culturels. Accusé d’avoir filtré les bénéficiaires, de manière arbitraire, Bung Pinz cristallise un malaise plus large : l’absence de cadre clair et équitable pour les artistes dans les engagements politiques et post-électoraux.
Une attente désormais présidentielle
Le Président Oligui, selon plusieurs sources, aurait exigé que tous les artistes ayant contribué par des œuvres soient inclus dans les remerciements, y compris les absents. Cet engagement présidentiel, s’il est avéré, entre en contradiction avec les faits rapportés.
D’où cette interpellation directe :
« Le Président doit trancher. Il a été clair sur sa volonté d’inclure tous les artistes. Que la vérité soit faite. »
Et après ?
Dans son texte, Rentch Onanga annonce revenir bientôt avec une proposition claire sur le statut de l’artiste au Gabon. Il entend élargir le débat au-delà des chanteurs : musiciens, techniciens, peintres, écrivains, etc. – pour construire un modèle de reconnaissance et de respect.
Derrière ce bras de fer entre deux figures bien connues du paysage culturel gabonais se joue un enjeu crucial : la place de l’artiste dans la société. Valorisé en période de campagne, souvent oublié après. Rentch Onanga met un coup de projecteur sur ce paradoxe. Désormais, la balle est dans le camp du Président.
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Nzeng-Ayong : trou de la route bouché, problème enterré ?

Les alertes lancées par les usagers de la route de Nzeng-Ayong – notamment sur le côté droit de l’échangeur en rentrant dans le quartier – ainsi que nos articles précédents, semblent avoir été entendues. Le trou qui inquiétait piétons et automobilistes a été comblé. Une couche de gravier, recouverte de goudron, redonne au tronçon une allure réparée. Mais pour combien de temps ?
Une réparation express, mais fragile ?
Sur place, les automobilistes circulent à nouveau sans devoir slalomer autour de barrières rouges. À première vue, la voirie a été remise en état. Pourtant, derrière l’asphalte fraîchement posé, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la solidité de cette intervention. Le trou n’a pas été ouvert ni élargi pour en inspecter la profondeur ou les causes exactes. On a rebouché, simplement. Comme on panse une plaie sans désinfecter.
Un problème plus profond que le bitume
La zone concernée est connue pour être marécageuse. Des eaux souterraines y circulent, rongeant lentement mais sûrement les couches inférieures de la chaussée. Ce n’est pas le premier affaissement signalé, et probablement pas le dernier. D’où une question qui revient avec insistance : pourquoi n’avoir pas ouvert une tranchée plus large pour étudier la dynamique de l’eau en sous-sol ? Pourquoi ne pas avoir entrepris une réparation structurelle plutôt que cosmétique ?
“Il aurait peut-être fallu casser une bonne partie de la route, voir comment l’eau travaille en dessous, et tout repenser”, souffle un habitant du quartier. “Là, on a juste mis du goudron sur du sable mouillé.”
Des réparations qui interrogent sur la gouvernance
Ce genre d’intervention à minima reflète un mode de gestion des infrastructures où l’on réagit plus qu’on n’anticipe. Les solutions provisoires deviennent la norme, faute de volonté politique ou de vision technique. Et pendant ce temps, les routes s’effritent, les fonds publics s’évaporent dans des réparations répétitives, et la confiance des citoyens s’amenuise.
Vers un audit indépendant ?
Plusieurs voix s’élèvent désormais pour réclamer un audit technique indépendant sur cette portion de route, mais aussi sur d’autres axes stratégiques du pays. L’objectif serait d’identifier les zones à risques, d’adapter les techniques de construction aux réalités du terrain, et d’abandonner la logique du rafistolage.
Car à Nzeng-Ayong, ce n’est pas seulement la route qui s’effondre. C’est aussi la crédibilité d’un système censé garantir la sécurité et la mobilité des citoyens.
La rédaction/ Lucien