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Henri-Joël Ekome Menga, le coiffeur ambulant qui redéfinit l’entrepreneuriat à Cocobeach
À Cocobeach, petite ville du département de la Noya, dans la province de l’Estuaire, l’entrepreneuriat s’impose comme une solution face au chômage. De nombreux jeunes Gabonais se tournent vers des métiers autrefois dominés par les expatriés, apportant ainsi une nouvelle dynamique à l’économie locale. C’est le cas de Henri-Joël Ekome Menga, un coiffeur ambulant de 23 ans, qui sillonne les rues et le débarcadère de la ville pour proposer ses services à une clientèle fidèle.
Une alternative aux salons de coiffure traditionnels
Depuis sept ans, Henri-Joël a fait du bitume son salon de coiffure. Armé de sa tondeuse, il installe son matériel là où la demande est la plus forte : le débarcadère de Cocobeach, un lieu de passage stratégique où il trouve chaque jour de nouveaux clients. « Au prix de 1 000 FCFA, je me plais à me faire coiffer ici parce que Henri-Joël est un très bon coiffeur. Et, le meilleur dans cette aventure, c’est qu’il est un compatriote », confie Loko, l’un de ses clients réguliers.

Contrairement aux salons classiques, le jeune coiffeur offre une flexibilité qui séduit une clientèle variée : travailleurs de passage, habitants locaux et jeunes en quête d’un service rapide et abordable.
Un modèle économique viable malgré les défis
Vivre de la coiffure en tant qu’ambulant n’est pas toujours aisé, mais Henri-Joël s’en sort avec une dizaine de clients par jour. « Vous imaginez bien que j’arrive à me débrouiller », affirme-t-il avec fierté. Son activité lui permet non seulement de subvenir à ses besoins, mais aussi de démontrer qu’avec de la persévérance, il est possible d’entreprendre sans grands moyens.
Cependant, l’absence d’un espace fixe limite son expansion. Travailler en extérieur expose ses outils aux intempéries et réduit son attractivité auprès de certains clients recherchant un confort supplémentaire.
L’essor de l’entrepreneuriat et les opportunités à saisir
Le gouvernement gabonais encourage de plus en plus l’auto-entrepreneuriat, notamment avec des initiatives comme la Banque pour le Commerce et d’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG), officiellement lancée le 18 décembre 2024. Ces dispositifs pourraient représenter une opportunité pour Henri-Joël d’évoluer vers un modèle plus structuré. En accédant à un financement, il pourrait envisager l’ouverture d’un salon ou la mise en place d’un concept de coiffure mobile modernisé.
Son parcours illustre une réalité : face à un marché du travail contraint, de nombreux jeunes Gabonais prennent leur destin en main et réinventent les métiers du quotidien. Reste à savoir si les promesses gouvernementales en matière de soutien à l’entrepreneuriat se traduiront en actions concrètes pour accompagner des initiatives comme celle de Henri-Joël.

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Îles Mbanié : dernier chapitre d’un vieux différend entre Libreville et Malabo

Après plus de quatre ans de procédure, la Cour internationale de Justice (CIJ) rendra ce lundi 19 mai à 15h son verdict très attendu sur le différend frontalier opposant le Gabon et la Guinée équatoriale, portant sur la souveraineté des îles Mbanié, Cocotiers et Conga, situées dans le Golfe de Guinée.
Ces trois îlots, bien que inhabités, cristallisent depuis plusieurs décennies une rivalité territoriale en raison de leur position stratégique et des ressources maritimes potentiellement exploitables dans la zone. Le litige, marqué par des tensions diplomatiques récurrentes, avait finalement été porté devant la CIJ par un compromis signé le 5 mars 2021 entre les deux États, en quête d’une solution pacifique.
Dans leur saisine, les deux parties ont demandé à la Cour de déterminer si les titres juridiques, traités et conventions internationales qu’elles invoquent peuvent établir de manière définitive la souveraineté sur les îles disputées. Les audiences publiques, tenues du 30 septembre au 4 octobre 2024 à La Haye, ont permis aux représentants des deux nations de défendre leurs positions respectives.
Le verdict de la Cour, contraignant et sans appel, devrait mettre un terme à un différend qui, au fil des années, a parfois fait craindre une escalade. Quelle que soit l’issue, les regards seront tournés vers Libreville et Malabo pour observer la manière dont les autorités réagiront à cette décision historique.
Un enjeu régional majeur
Au-delà des enjeux bilatéraux, cette affaire soulève des questions plus larges de droit international et de gestion des ressources transfrontalières en Afrique centrale. La reconnaissance de la souveraineté sur ces îles pourrait avoir un impact significatif sur les droits d’exploitation des ressources halieutiques et pétrolières de la région.
Ce verdict s’inscrit également dans un contexte où la CIJ renforce son rôle de médiateur juridique dans les conflits territoriaux en Afrique, privilégiant le recours au droit international plutôt qu’à la confrontation.
Le monde diplomatique attend désormais le jugement avec attention, dans l’espoir qu’il contribue à renforcer la coopération et la stabilité dans le Golfe de Guinée.
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Crise de Paiement : La SEEG Plonge SMIN et PC SERVICES CONSULTING dans l’Incertitude avec 36 Millions d’Impayés

Depuis plusieurs mois, les entreprises SMIN et PC SERVICES CONSULTING, dirigées par Pierre-Claver Nzigou, traverse une période critique. En cause : des impayés importants accumulés par la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), sur des marchés exécutés dans les provinces de l’Ogooué-Lolo et du Haut-Ogooué.
Sur la période 2023-2024, l’entreprise avait été sélectionnée pour plusieurs chantiers d’intérêt public, portant sur des interventions techniques, des aménagements ainsi que des travaux d’entretien d’infrastructures électriques et environnementales.

Parmi les travaux réalisés figurent notamment :
▪︎L’ouverture de tranchées
▪︎La fourniture et la fixation de grilles de sécurité
▪︎Le redressement de supports à Dienga
▪︎L’élagage de points chauds à Franceville, Nzela, Koula-Moutou et Pana
▪︎L’aménagement de bureaux et vestiaires de la centrale thermique de Koula-Moutou
▪︎La construction d’un regard en parpaings au château Maëla à Koula-Moutou
Mais cette liste est loin d’être exhaustive. Plusieurs autres projets, de nature variée, ont également été exécutés avec diligence par les équipes de SMIN et PC SERVICES CONSULTING dans différents sites de la région, toujours pour le compte de la SEEG.
Un partenariat prometteur devenu problématique

Selon M. Nzigou, les débuts de cette collaboration étaient positifs : les premières factures avaient été honorées conformément aux délais convenus. Cependant, depuis neuf mois, plus aucun paiement n’a été effectué par la SEEG, malgré la validation des pièces administratives et techniques nécessaires.
L’entreprise affirme aujourd’hui que la SEEG lui doit un montant de 36.885.674 FCFA, une somme qui, selon le chef d’entreprise, compromet gravement la continuité des activités.

Un impact social et économique inquiétant
Privées de liquidités, SMIN et PC SERVICES CONSULTING est aujourd’hui confrontée à de graves tensions : salaires en souffrance, blocages comptables, impossibilité de maintenir certains contrats, et une grogne montante au sein des équipes.
« Nous avons respecté nos engagements contractuels sur tous les chantiers, même dans des zones difficiles d’accès. Ce silence prolongé de la SEEG nous plonge dans l’impasse », déplore Pierre-Claver Nzigou.
Une attente qui devient insoutenable
Face à cette situation, l’entrepreneur appelle les responsables de la SEEG à prendre leurs responsabilités, afin d’éviter un effondrement de l’activité et les pertes d’emplois qui pourraient en résulter. Il dit garder espoir d’un règlement rapide, mais n’exclut pas d’entreprendre d’autres démarches en cas de non-réaction.
Pour l’instant, la SEEG n’a pas encore officiellement communiqué sur cette affaire.
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Sortis de prison, la famille Bongo exilée en Angola : la “Young Team” toujours incarcérée, quelle justice pour les collaborateurs de l’ancien régime ?

Sous pression probable de l’Union africaine et d’alliés internationaux, le président Oligui Nguema aurait cédé à une sortie diplomatique pour la famille Bongo. Pendant ce temps, les anciens proches de Noureddin restent emprisonnés, ravivant les soupçons de justice à deux vitesses.
Dans la nuit du 15 au 16 mai 2025, Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia Bongo Valentin et leur fils Noureddin ont discrètement quitté le Gabon à bord d’un avion officiel. Direction : l’Angola. Luanda a confirmé l’accueil de la famille à la demande du président João Lourenço, également président en exercice de l’Union africaine.
Ce transfert fait suite à la visite du président angolais à Libreville le 12 mai, et serait, selon plusieurs sources diplomatiques, le fruit de pressions internationales pour éviter une crise politique et humanitaire prolongée.
Sylvia et Noureddin ont pourtant été inculpés pour des faits graves : blanchiment de capitaux, escroquerie en bande organisée, détournement de fonds publics, corruption, association de malfaiteurs. Leur libération, les 6 et 9 mai pour raisons médicales, et leur exfiltration précipitée interrogent.
La “Young Team” toujours en détention
Contrairement à la famille Bongo, leurs anciens collaborateurs restent derrière les barreaux :
▪︎Cyriaque Mvourandjami, ex-directeur de cabinet politique d’Ali Bongo, figure du clan de Noureddin, est poursuivi pour complicité de détournement de fonds publics.
▪︎Ian Ghislain Ngoulou, directeur de cabinet adjoint d’Ali Bongo, acteur-clé de la “Young Team”, est accusé de malversations financières.
▪︎Abdul Hosseini, conseiller spécial du président déchu, reste incarcéré dans un silence judiciaire pesant.
Une transition sous tension
Ce traitement différencié interroge : pourquoi épargner les Bongo tout en maintenant en prison leurs collaborateurs ? Une déclaration du procureur est attendue pour clarifier cette décision, mais l’opinion redoute déjà un récit arrangé.
En cédant à la diplomatie, la transition compromet-elle la promesse d’une justice équitable ? Pour l’instant, la page Bongo ne semble pas tournée, et la justice gabonaise, elle, reste en question.